Il y a quelques jours, un groupe de développeurs avait indiqué qu’il comptait bien, malgré son annulation, mettre en place le hard fork SegWit2X. Pourtant, celui-ci est très différent de celui qui avait été prévu il y quelques mois, et il semblerait qu’il ne s’agisse que d’un « coup » marketing destiné à mettre en lumière un énième fork. Il devrait avoir lieu aujourd’hui, au niveau du bloc 501 451.
Le retour de SegWit2x
Le hard fork SegWit2x avait pour ambition de proposer des blocs de taille plus grande, à 2 Mo, qui devaient permettre de face à la hausse du nombre de transactions effectuées sur le réseau.
Cependant, même si l’on pouvait retrouver parmi les signataires du New York Agreement des acteurs importants de l’écosystème tels que Digital Currency Group, Coinbase, ShapeShift ou encore Xapo, cette proposition avait suscité de fortes divisions au sein de la communauté. Le groupe avait finalement décidé le 9 novembre dernier d’annuler ce hard fork controversé, afin de mettre fin à la guerre qui déchirait l’écosystème.
Il y a quelques jours, un groupe de développeurs indiquaient qu’ils prévoyaient de « ressusciter » SegWit2x, en expliquant que les frais de transaction rendaient le Bitcoin « impossible à utiliser […] en tant que moyen de paiement ».
Ce fork devrait avoir lieu ce jeudi 28 décembre, au niveau du bloc 501 451.
Le prix du contrat à terme sur SegWit2x avait vivement réagi suite à cette annonce, et avait franchi le seuil des 1200 dollars mercredi matin. Il avait depuis rechuté, et il s’échangeait, lors de la rédaction de cet article, à 700 dollars.
Un « Bitcoin parfait »… ou un « altcoin » déguisé ?
Si l’on se penche de plus près sur SegWit2x (B2X), on constate que celui-ci ne vise pas à mettre à jour le protocole du Bitcoin, mais plutôt a créer un « altcoin » bien différent.
Tout d’abord, les équipes de développement ne sont pas celles qui avaient mené le projet originel, avec comme chef de file Jeff Garzik, un ancien développeur de Bitcoin Core.
C’est d’ailleurs ce que l’on pouvait constater sur Twitter :
iM 1,000% sure they were supporting the genuine hard fork proposal, NOT this sham, NOT #SegWit2x pic.twitter.com/ov9Pc9yGEa
— @nimbosa❄➕? #dApps (@nimbosa) 27 décembre 2017
Ensuite, les développeurs prévoient d’implémenter une protection contre les attaques par rejeu (« replay protection ») – ce qui n’était pas le cas du B2X qui avait été prévu par les signataires du New York Agreement.
On peut également s’interroger sur le « premine » que comportera ce fork B2X. Sur le site dédié au projet, les développeurs indiquent qu’ils prévoient de s’octroyer des B2X, expliquant que ceux-ci pourront ensuite être distribués à « ceux qui soutiennent le réseau » – sans offrir de précisions supplémentaires.
Enfin, les caractéristiques de ce protocole SegWit2x seront radicalement différentes de celles du Bitcoin. Le réseau sera sécurisé à l’aide d’un chiffrement X11 (contre SHA-256 pour le Bitcoin), avec un « block time » de 2,5 minutes (contre 10 minutes).
La difficulté sera recalculée après chaque bloc, et le site évoque l’implémentation de la technologie zkSNARK afin de rendre les transactions anonymes.
Mais le plus étonnant se trouve peut-être ailleurs. Plutôt que de porter la taille des blocs à 2 Mo, comme son nom l’indique, B2X vise en fait à proposer des blocs quatre fois plus grands que ceux du Bitcoin, à 4 Mo.
En ajoutant à tous ces éléments la précipitation des développeurs, qui ont programmé ce fork seulement quelques jours après son annonce, la communauté a toutes les raisons d’être sceptique face à se projet. Et ce même si les développeurs de B2X ont récemment précisé au site CCN qu’ils souhaitaient « faire revivre SegWit2x », et qu’il s’agissait du même fork que celui qui avait été annulé à la fin du mois de novembre, « mais avec des fonctionnalités améliorées ».
Comment recevoir des « monnaies forkées » ? La règle est simple :
- Si vos coins sont stockés sur une plateforme (Coinbase, Bittrex, Binance), c’est elle qui « contrôle » vos Bitcoins. Elle décidera si elle vous octroiera la nouvelle monnaie, en se basant sur le nombre de BTC que vous possédiez au moment du fork
- Si vos coins sont stockés sur un wallet dont vous possédez les clés privées (Electrum, Ledger Nano S,…), vous aurez la possibilité de récupérer la nouvelle crypto-monnaie – soit en utilisant votre wallet actuel, soit en vous tournant vers un wallet compatible avec ce fork.
Nous vous recommandons toutefois de faire preuve d’une grande prudence, et de ne pas compromettre vos clés privées en les renseignant sur un site ou un wallet différent de celui que vous avez l’habitude d’utiliser.
Comme on a pu le voir récemment avec Bitcoin Gold, le site officiel d’un fork peut parfaitement mettre en avant un wallet litigieux, destiné à dérober les Bitcoins des personnes qui l’utilisent. La meilleure approche consiste à ne pas se précipiter sur ces nouveaux forks, et à attendre de voir comment les choses évoluent.
Vous pouvez vous tourner vers les portefeuilles « hardware » de Ledger – la société a récemment indiqué qu’elle s’efforcerait de permettre aux utilisateurs de prétendre à l’ensemble des « monnaies forkées » qu’elle jugerait légitimes.
Références : CCN, B2x-Segwit.io