- Des analystes de JPMorgan jugent que l’adoption du Bitcoin par le Salvador constitue « une expérimentation problématique ».
- Ils estiment que le krach enregistré mardi n’était pas lié aux couacs du lancement de la mesure, mais à « un contexte défavorable »
- S’ils doutent de la capacité du BTC à être plus utilisé que le dollar dans le pays, ils jugent que l’actif numérique pourrait être néfaste à l’économie, en incitant les citoyens à réduire leurs dépenses.
L’adoption du Bitcoin comme monnaie officielle par le pays centraméricain a été accueillie par des protestations, des couacs techniques et une chute de 17% du cours du BTC.
Selon une équipe d’analystes de la banque américaine JPMorgan, ces difficultés, qui traduisent avant tout le manque de préparation du Salvador, ne devraient pas avoir de conséquences sur l’avenir des cryptomonnaies :
« Les ratés du lancement de l’expérimentation du Salvador ne devraient pas avoir d’impact sur l’avenir du Bitcoin ou des cryptomonnaies », ont-il prédit, dans des propos rapportés par Business Insider.
« Si les crypto-marchés ont pu souffrir des couacs du Salvador cette semaine, leur chute était avant tout liée à un contexte défavorable ».
Ils expliquent également pourquoi le BTC aurait, selon eux, peu de chances d’égaler, voire de détrôner le dollar en termes d’utilisation au Salvador.
Ils jugent que l’actif numérique est bien trop volatil pour servir véritablement de monnaie. Par ailleurs, le fait que sa valeur ne soit garantie par aucun gouvernement ou aucun actif financier rendrait difficile son utilisation comme unité de compte ou réserve de valeur :
« Peu de biens ou de services sont tarifés ou négociés en termes de Bitcoins. Le Bitcoin lui-même est tarifé en dollars », indiquent les financiers.
« Si les revendeurs et les commerçants finissaient par accepter le Bitcoin et afficher leurs prix en BTC, ces tarifs seraient susceptibles de fluctuer énormément, en fonction des évolution du cours du BTC en dollars ».
Les agents économiques « incités à conserver » leurs Bitcoins
Les analystes de la banque américaine estiment que si le Bitcoin parvenait à devenir la monnaie de référence du Salvador, il pourrait nuir à son économie. En effet, du fait d’une offre limitée à 21 millions de coins, les citoyens et les entreprises pourraient être incités à limiter leurs dépenses :
« Le pouvoir d’achat du Bitcoin devrait naturellement augmenter au fil du temps, du fait de son offre limitée. Par conséquent, les prix des biens et services libellés en BTC devraient, à terme, diminuer. Dans une telle économie, les agents économiques seraient incités à conserver cette monnaie plutôt que de la dépenser ».
Ces experts évoquent également le réseau de paiement Strike utilisé par les Salvadoriens pour effectuer leurs transactions, qui constitue une couche supplémentaire sur le Lightning Network, lui-même adossé à la blockchain du Bitcoin. Ils estiment que ce réseau suppose des risques en termes de sécurité et de confidentialité – des risques qui pourraient surpasser les avantages liés à la forte diminution des coûts de transaction.
Enfin, l’équipe d’analystes de JPMorgan évoque le « Bitcoin Trust » de 150 millions de dollars voté la semaine dernière par l’assemblée. Destiné à faciliter la transition vers une économie à deux monnaies, il a été mis sur pied afin d’assurer aux agents économiques une convertibilité immédiate de leurs Bitcoins en dollars.Pour ces experts, cette enveloppe pourrait ne pas être suffisante en cas de chute importante des crypto-marchés, qui pourrait amener les citoyens et les entreprises à vouloir vendre massivement leurs Bitcoins.
Si elle pointe les aspects négatifs de l’adoption du BTC par le Salvador, l’équipe d’analyste reconnaît qu’il s’agit d’un « moment important » pour la crypto-sphère :
« Malgré les défis cités précédemment, l’expérience du Salvador constitue sans aucun doute un évènement important pour les cryptomonnaies et les systèmes de paiement.
Elle permettra de tirer des leçons concernant l’application concrète de cette décision, mais aussi, dans une moindre mesure, concernant son impact sur le sentiment des investisseurs vis-à-vis des cryptomonnaies ».