M. Harris estime que le Bitcoin constitue une escroquerie de grande ampleur, et qu’il ne dispose d’aucune valeur intrinsèque.
« Une spirale de cupidité »
Bill Harris, le premier PDG de Paypal, est persuadé que le Bitcoin n’est qu’un vaste stratagème de type « Pump-and-Dump ».
Il estime que l’actif numérique ne subsiste qu’en raison de sa nature spéculative – une nature qui aurait entraîné des acheteurs « mal informés » dans une « spirale de cupidité ».
Si la blockchain du Bitcoin a fait son apparition en 2009, celui-ci est resté pendant plusieurs années peu connu du grand public. Ce n’est qu’à partir du printemps 2017, alors qu’elle enregistrait régulièrement de nouveaux records, que la première crypto-monnaie a fait parler d’elle dans de nombreux médias généralistes.
Si le cours du BTC est désormais égal à moins de la moitié du record historique atteint en décembre dernier, de nombreux investisseurs restent haussiers – et ce malgré les décisions de certains gouvernements et les déclarations de nombreux observateurs, qui tentent de freiner cet enthousiasme.
Dans un article publié cette semaine sur le site Recode, l’ancien PDG de la société Intuit a indiqué que le BTC constituait un « gigantesque dispositif de “Pump-And-Dump”, comme jamais vu auparavant ».
Il soutient ainsi le fait que le Bitcoin ne présenterait aucune valeur en tant que :
- Moyen de paiement : le BTC ne serait accepté nulle part, et les délais et les frais adossés aux transactions sur son réseau – ainsi que sa volatilité – ne lui permettraient pas de faire office de moyen de paiement.
- Réserve de valeur : il ne pourrait s’agir d’une réserve de valeur pertinente, toujours du fait de sa volatilité.
- Actif : le Bitcoin n’aurait de la valeur que parce que les épargnants estiment que d’autres individus souhaitent en acheter. Ce qui conduit M. Harris à se poser cette question : « Dans quel univers rationnel quelqu’un pourrait-il tout simplement émettre un certificat électronique – ou simplement annoncer qu’il a l’intention de le faire – et créer ainsi, à partir de rien, des milliards de dollars de valeur ? »
L’homme évoque également les risques posés par le Bitcoin, qui serait couramment utilisé pour conduire des activités criminelles ou des opérations de fraude fiscale.
Enfin, il indique que le minage de Bitcoin consomme d’énormes quantités de ressources naturelles, et appelle la Securities and Exchange Commission – le gendarme de la bourse américaine – et les autres organes de régulation à prendre des mesures de répression à l’encontre des crypto-monnaies.
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Forbes estime qu’il a tort
Le magazine américain Forbes n’est pas de cet avis. Kyle Torpey, un rédacteur spécialisé dans le Bitcoin, a publié hier une tribune dans laquelle il apporte la contradiction au premier PDG de Paypal.
Tout d’abord, il reproche à M. Harris de ne pas avoir fait de distinction entre le Bitcoin et les autres actifs numériques. Il indique que s’il existe de nombreuses escroqueries dans l’écosystème (notamment certaines ICOs dont les fondateurs ont disparu dans la nature), celles-ci n’ont strictement rien à voir avec le Bitcoin.
Il lui reproche également de pointer du doigt les frais et les délais de transactions en vigueur sur le réseau, sans évoquer l’existence de solutions de « scaling » telles que le Lightning Network.
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Il précise que le Bitcoin peut effectivement être utilisé pour conduire des activités criminelles. La raison ? L’actif est amoral : il s’agit seulement d’un protocole, qui n’opérera aucune distinction entre les différentes transactions conduites sur son réseau. Le rédacteur ajoute par ailleurs que la notion d’illégalité est subjective : une vente jugée illégale dans un pays peut parfaitement être licite dans un autre.
Il explique que le Bitcoin peut faire office de réserve de valeur, puisque les variations quotidiennes de son prix ne gênent pas de nombreux détenteurs, « qui comptent conserver leurs BTCs pendant plusieurs années pour des raisons politiques, pour spéculer sur sa hausse ou pour d’autres raisons ».
Le Bitcoin ne posséderait aucune valeur intrinsèque ? Pour M. Torpey, il peut être assimilé à « un or numérique dans une société de moins en moins consommatrice d’espèces », tout en permettant à certains citoyens de s’émanciper de la tutelle de régimes totalitaires et de sécuriser leur patrimoine.
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Références : Cryptovest, Recode, Forbes
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement. Nous vous suggérons de mener vos propres recherches avant de décider de vous procurer des crypto-monnaies – des actifs extrêmement risqués. Ne dépensez pas plus que ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Nous ne saurons être tenus responsables de toute perte en capital, en lien avec la lecture de cet article.