Alors que de nombreux observateurs s’intéressent à la flambée du cours du Bitcoin, d’autres émettent des inquiétudes au sujet de son impact environnemental, et des niveaux d’énergie électrique mis en oeuvre par les crypto-monnaies.
Ces craintes sont d’ailleurs fréquemment ravivées par de nombreuses études : celle-ci nous indique par exemple que le minage de Bitcoin consommerait à lui seul plus que 159 pays dans le monde.
Mais plutôt que de s’inquiéter en se demande si le Bitcoin pourrait provoquer bientôt être à l’origine de la fonte des glaces arctiques et antarctiques, il peut être judicieux de prendre un peu du recul par rapport à ces chiffres.
Le système de validation « proof-of-work », gourmand en énergie
Les crypto-monnaies qui s’appuient, comme le Bitcoin, sur un système de validation par preuve de travail (proof-of-work), sont, par nature, gourmandes en énergie.
Les mineurs de Bitcoin mènent une lutte sans merci pour être les premiers à réussir à résoudre des problèmes mathématiques complexes. Cette activité va permettre au réseau d’être sécurisé, mais va aboutir à la création de « mines » de Bitcoin, qui regroupent de nombreuses machines qui travaillent de concert à la résolution de ces énigmes.
Et même si la difficulté de ces énigmes augmente rapidement, la hausse du prix de la monnaie numérique depuis le début de l’année a rendu cette activité encore plus profitable.
On peut par ailleurs constater que le taux de hachage (hashrate), autrement dit la puissance de calcul utilisée par l’ensemble des mineurs, a considérablement augmenté ces dernières années :
D’après une étude récente, les mineurs de Bitcoin consommeraient environ 8,27 térawatts-heures par année.
Si ce chiffre peut sembler particulièrement important, notons qu’il ne correspond qu’à moins d’1/8ème de ce qu’utiliseraient l’ensemble des centres de traitement des données basés aux États-Unis, et à environ 0,21% de la consommation électrique de ce pays.
Mais on peut également examiner ces chiffres à l’aune de la consommation induite par les monnaies et les matières premières, auxquelles le Bitcoin cherche à apporter une alternative.
Ainsi, la production mondiale de billets et de pièces correspondrait à une consommation de 11 térawatts-heures par année. Le minage de l’or nécessiterait quant à lui 132 térawatts-heures tous les ans. Le tout sans compter l’activité des camions blindés, des coffres-forts bancaires, des systèmes de sécurité,…
Un « gaspillage » énergétique, vraiment ?
C’est un fait : le réseau Bitcoin consomme beaucoup d’énergie.
Mais des innovations technologiques pourraient apporter des pistes permettant de limiter cette consommation.
On peut par exemple regarder du côté des centres de traitement des données, dont l’efficacité énergétique s’est accrue au fil des années. Il n’y a pas si longtemps, le département de l’Énergie des États-Unis s’attendait à ce que l’énergie électrique dont ceux-ci auraient besoin allait doubler tous les 5 ans. Pourtant, l’augmentation de l’éelectricité utilisée par ces centres a nettement diminué au cours des dernières années. Ceux-ci ont pu profiter d’innovations technologiques diverses et variées, comme par exemple des systèmes de refroidissement plus perfectionnés, qui permettent de gérer l’énergie de manière plus efficace.
Les mineurs de Bitcoin poursuivent un objectif : générer des profits. Leurs intérêts convergent donc avec ceux des défenseurs de l’environnement, puisqu’ils devraient avoir tendance à se tourner vers les sources d’énergie les moins coûteuses possibles – qui peuvent provenir des centrales hydroélectriques et d’autres sources d’énergies renouvelables.
Oui, le Bitcoin consomme beaucoup d’énergie. Mais il est loin d’être le seul : lorsque vous prenez votre voiture, lorsque vous regardez la télévision, lorsque vous vous rendez à un match de football, vous provoquez des dépenses d’énergie. Pensez-vous qu’il faille pour autant revenir à une économie d’autosuffisance ? Ne peut-on pas trouver des compromis, et tenter d’utiliser l’énergie de manière raisonnée afin d’améliorer la qualité de la vie des citoyens ?
D’autant plus que le Bitcoin semble, pour beaucoup, constituer un progrès pour l’humanité.
Il peut aider certains citoyens à survivre (au Zimbabwe, au Venezuela,…) en se protégeant de politiques monétaires expansionnistes. Il permet à chaque individu d’envoyer et de recevoir des paiements, sans avoir besoin de l’autorisation d’une banque pour pouvoir ouvrir un compte. Il permet de protéger des actifs, qui ne pourront ainsi pas être saisis de manière arbitraire.
Et si les habitants des pays développés peuvent prendre ces éléments pour acquis, c’est loin d’être le cas dans certaines régions du monde.
Par conséquent, tous ces calculs informatiques ne représentent pas nécessairement un « gaspillage » énergétique.
Peut-être qu’il faudrait voir le problème autrement. Peut-être qu’il serait bon de se demander si l’énergie utilisée par les mineurs ne permet pas aux citoyens du monde d’accéder à une certaine liberté financière, qui pourrait être considérée comme un élément particulièrement précieux.
Références : Bloomberg, YourStory.com, Blockchain.info,
Juste quelque chose qui me semble important. Le minage transforme surtout beaucoup d’énergie en chaleur, principalement en chaleur (et un peu en bruit …)
Certains pays froids pourraient peut-être acheter cette chaleur, chaleur qui peut en théorie être récoltée, reste à connaître le rendement possible pour un pool de minage important dans un pays froid.
Juste une idée comme ça. Il y a une possibilité de miner sous certaines grandes surfaces (ou bien juste à côté…) Ce qui permettrait de chauffer la grande surface à moindre frais, les mineurs pourrait y gagner en vendant de la chaleur. Reste à chiffrer tout ceci pour se faire une idée précise de l’utilité.