Minage

Le Bitcoin, un véritable « monstre » énergivore ?

Alors que de nom­breux obser­va­teurs s’in­té­ressent à la flam­bée du cours du Bit­coin, d’autres émettent des inquié­tudes au sujet de son impact envi­ron­ne­men­tal, et des niveaux d’éner­gie élec­trique mis en oeuvre par les crypto-monnaies.

Ces craintes sont d’ailleurs fré­quem­ment ravi­vées par de nom­breuses études : celle-ci nous indique par exemple que le minage de Bit­coin consom­me­rait à lui seul plus que 159 pays dans le monde.

Mais plu­tôt que de s’in­quié­ter en se demande si le Bit­coin pour­rait pro­vo­quer bien­tôt être à l’o­ri­gine de la fonte des glaces arc­tiques et antarc­tiques, il peut être judi­cieux de prendre un peu du recul par rap­port à ces chiffres.

Le système de validation « proof-of-work », gourmand en énergie

Minage preuve de travailLes cryp­to-mon­naies qui s’ap­puient, comme le Bit­coin, sur un sys­tème de vali­da­tion par preuve de tra­vail (proof-of-work), sont, par nature, gour­mandes en éner­gie.

Les mineurs de Bit­coin mènent une lutte sans mer­ci pour être les pre­miers à réus­sir à résoudre des pro­blèmes mathé­ma­tiques com­plexes. Cette acti­vi­té va per­mettre au réseau d’être sécu­ri­sé, mais va abou­tir à la créa­tion de « mines » de Bit­coin, qui regroupent de nom­breuses machines qui tra­vaillent de concert à la réso­lu­tion de ces énigmes.

Et même si la dif­fi­cul­té de ces énigmes aug­mente rapi­de­ment, la hausse du prix de la mon­naie numé­rique depuis le début de l’an­née a ren­du cette acti­vi­té encore plus pro­fi­table.

On peut par ailleurs consta­ter que le taux de hachage (hash­rate), autre­ment dit la puis­sance de cal­cul uti­li­sée par l’en­semble des mineurs, a consi­dé­ra­ble­ment aug­men­té ces der­nières années :

évolution du taux de hachage du réseau Bitcoin 2017
L’é­vo­lu­tion du taux de hachage du réseau Bitcoin

D’a­près une étude récenteles mineurs de Bit­coin consom­me­raient envi­ron 8,27 téra­watts-heures par année.

Si ce chiffre peut sem­bler par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant, notons qu’il ne cor­res­pond qu’à moins d’1/8ème de ce qu’u­ti­li­se­raient l’en­semble des centres de trai­te­ment des don­nées basés aux États-Unis, et à envi­ron 0,21% de la consom­ma­tion élec­trique de ce pays.

Mais on peut éga­le­ment exa­mi­ner ces chiffres à l’aune de la consom­ma­tion induite par les mon­naies et les matières pre­mières, aux­quelles le Bit­coin cherche à appor­ter une alternative.

Ain­si, la pro­duc­tion mon­diale de billets et de pièces cor­res­pon­drait à une consom­ma­tion de 11 téra­watts-heures par année. Le minage de l’or néces­si­te­rait quant à lui 132 téra­watts-heures tous les ans. Le tout sans comp­ter l’ac­ti­vi­té des camions blin­dés, des coffres-forts ban­caires, des sys­tèmes de sécurité,…

Un « gaspillage » énergétique, vraiment ?

Gaspillage EnergetiqueC’est un fait : le réseau Bit­coin consomme beau­coup d’énergie.

Mais des inno­va­tions tech­no­lo­giques pour­raient appor­ter des pistes per­met­tant de limi­ter cette consom­ma­tion.

On peut par exemple regar­der du côté des centres de trai­te­ment des don­nées, dont l’ef­fi­ca­ci­té éner­gé­tique s’est accrue au fil des années. Il n’y a pas si long­temps, le dépar­te­ment de l’Énergie des États-Unis s’at­ten­dait à ce que l’éner­gie élec­trique dont ceux-ci auraient besoin allait dou­bler tous les 5 ans. Pour­tant, l’aug­men­ta­tion de l’ée­lec­tri­ci­té uti­li­sée par ces centres a net­te­ment dimi­nué au cours des der­nières années. Ceux-ci ont pu pro­fi­ter d’in­no­va­tions tech­no­lo­giques diverses et variées, comme par exemple des sys­tèmes de refroi­dis­se­ment plus per­fec­tion­nés, qui per­mettent de gérer l’éner­gie de manière plus efficace.

Les mineurs de Bit­coin pour­suivent un objec­tif : géné­rer des pro­fits. Leurs inté­rêts convergent donc avec ceux des défen­seurs de l’en­vi­ron­ne­ment, puis­qu’ils devraient avoir ten­dance à se tour­ner vers les sources d’éner­gie les moins coû­teuses pos­sibles – qui peuvent pro­ve­nir des cen­trales hydro­élec­triques et d’autres sources d’éner­gies renouvelables.

Oui, le Bit­coin consomme beau­coup d’éner­gie. Mais il est loin d’être le seul : lorsque vous pre­nez votre voi­ture, lorsque vous regar­dez la télé­vi­sion, lorsque vous vous ren­dez à un match de foot­ball, vous pro­vo­quez des dépenses d’éner­gie. Pen­sez-vous qu’il faille pour autant reve­nir à une éco­no­mie d’au­to­suf­fi­sance ? Ne peut-on pas trou­ver des com­pro­mis, et ten­ter d’u­ti­li­ser l’éner­gie de manière rai­son­née afin d’a­mé­lio­rer la qua­li­té de la vie des citoyens ?

D’au­tant plus que le Bit­coin semble, pour beau­coup, consti­tuer un pro­grès pour l’humanité.

Il peut aider cer­tains citoyens à sur­vivre (au Zim­babwe, au Vene­zue­la,…) en se pro­té­geant de poli­tiques moné­taires expan­sion­nistes. Il per­met à chaque indi­vi­du d’en­voyer et de rece­voir des paie­ments, sans avoir besoin de l’au­to­ri­sa­tion d’une banque pour pou­voir ouvrir un compte. Il per­met de pro­té­ger des actifs, qui ne pour­ront ain­si pas être sai­sis de manière arbitraire.

Et si les habi­tants des pays déve­lop­pés peuvent prendre ces élé­ments pour acquis, c’est loin d’être le cas dans cer­taines régions du monde.

Par consé­quent, tous ces cal­culs infor­ma­tiques ne repré­sentent pas néces­sai­re­ment un « gas­pillage » éner­gé­tique.

Peut-être qu’il fau­drait voir le pro­blème autre­ment. Peut-être qu’il serait bon de se deman­der si l’éner­gie uti­li­sée par les mineurs ne per­met pas aux citoyens du monde d’ac­cé­der à une cer­taine liber­té finan­cière, qui pour­rait être consi­dé­rée comme un élé­ment par­ti­cu­liè­re­ment précieux.

Réfé­rences : Bloom­berg, YourStory.comBlockchain.info,

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wem
wem
6 années il y a

Juste quelque chose qui me semble impor­tant. Le minage trans­forme sur­tout beau­coup d’éner­gie en cha­leur, prin­ci­pa­le­ment en cha­leur (et un peu en bruit …)

Cer­tains pays froids pour­raient peut-être ache­ter cette cha­leur, cha­leur qui peut en théo­rie être récol­tée, reste à connaître le ren­de­ment pos­sible pour un pool de minage impor­tant dans un pays froid.

Juste une idée comme ça. Il y a une pos­si­bi­li­té de miner sous cer­taines grandes sur­faces (ou bien juste à côté…) Ce qui per­met­trait de chauf­fer la grande sur­face à moindre frais, les mineurs pour­rait y gagner en ven­dant de la cha­leur. Reste à chif­frer tout ceci pour se faire une idée pré­cise de l’utilité.

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