Alors qu’il s’échangeait à un peu moins de 14 000 dollars le 1er janvier, le Bitcoin a atteint aujourd’hui son plus faible niveau en 2018.
Vers midi, lors de la rédaction de cet article, son prix avait chuté sous le seuil des 8300 dollars :
Et l’on pouvait s’étonner de constater un prix nettement inférieur sur les marchés asiatiques – en particulier sur les plateformes d’échange sud-coréennes, qui affichaient d’ordinaire des cours bien supérieurs à la moyenne mondiale :
Avec une baisse d’environ 28%, le mois de janvier 2018 correspond à la pire performance pour le Bitcoin sur un mois, depuis janvier 2015. La monnaie numérique avait alors enregistré une chute d’intensité similaire, passant de 320 à 226 dollars.
Quelles pourraient être les principales causes de la chute du Bitcoin ?
Même s’il ne s’agit peut-être pas des causes principales, intéressons-nous tout d’abord aux différentes déclarations gouvernementales qui ont pu effrayer les investisseurs – et nourrir cette pression baissière qui a fait plonger le Bitcoin et l’immense majorité des crypto-marchés :
- La Corée du Sud a agité cette année les craintes liées à une fermeture des plateformes de trading de crypto-monnaies, comme l’avait décidé la Chine en septembre dernier. Pourtant, même si Séoul a récemment mis en place un groupe de travail destiné à élaborer un cadre réglementaire autour de ces plateformes, on peut vraisemblablement penser cette activité ne sera pas interdite – c’est en tout cas ce qui ressort des déclarations faites il y a quelques jours par le ministre des Finances Kim Dong-yeon.
- Aux Pays-Bas, Wopke Hoekstra, le ministre des Finances, a déclaré que certains partis des États généraux du royaume aimeraient limiter l’activité autour de ces marchés – voire peut-être les interdire. On devrait vraisemblablement en savoir plus au cours des prochaines semaines.
- Hier, les mauvaises nouvelles venaient d’Inde, alors qu’Arun Jaitley, le ministre des Finances, déclarait dans son discours que le gouvernement comptait sévir face au Bitcoin et au trading de crypto-monnaies. Pourtant, plusieurs observateurs restaient optimistes, en indiquant que les autorités n’allaient pas interdire la détention et l’utilisation de cet actif :
#Budget2018
Wrong interpretation : Bitcoin is illegal.
Correct interpretation : Bitcoin cannot be used as legal tender. Bitcoin cannot be used for illegitimate activities.— zebpay (@zebpay) 1 février 2018
Ajoutons toutefois que les deux derniers pays évoqués, les Pays-Bas et l’Inde, ne représentent qu’une part négligeable des échanges effectués sur les marchés. Ce n’est pas le cas de la Corée du Sud, où transitent environ 20% des transactions mondiales.
On peut également citer la décision de la BaFin allemande, qui a demandé à ce que une plateforme d’échange locale de cesser de permettre à ses clients de convertir leurs euros en Bitcoins. Il semblerait toutefois que cette initiative ne soit liée qu’à ce site, et qu’elle ne traduise pas une volonté des autorités de s’en prendre à cet écosystème.
Mais la pression des régulateurs ne constitue sans doute pas le seul élément à susciter des pressions baissières sur le cours du Bitcoin.
Il y a quelques jours, Facebook annonçait qu’elle interdisait les publicités liées aux crypto-monnaies, aux ICOs ou aux options binaires – une décision qui n’a toutefois sans doute pas eu une grande influence sur les marchés.
On peut également citer un article récent de Bloomberg, qui évoquait les incitations à comparaître qui avaient été transmises au début du mois de décembre à Bitfinex et à Tether Limited. Plusieurs observateurs craignent que, contrairement à ce que cette dernière indique, la valeur de l’ensemble des Tethers en circulation (plus de 2,2 milliards) ne soit pas garantie par un nombre de dollars équivalent. Ils estiment que la société aurait pu ces derniers mois, en émettant de nombreux Tethers, « doper » artificiellement le cours du Bitcoin.
D’autres jugent que la chute de l’actif numérique en janvier pourrait s’inscrire dans une sorte de tendance annuelle. C’est ce qu’indiquait un tweet publié le 16 janvier dernier :
There seems to be a pattern here. ? #bitcoin #hodl pic.twitter.com/UOAfelOKcE
— Armin van Bitcoin ⚡ (@ArminVanBitcoin) 16 janvier 2018
La raison ? Certains évoquent la superstition des investisseurs originaires d’Asie du Sud-Est, tandis que d’autres estiment que ces traders souhaitent « prendre leurs profits » avant l’arrivée du nouvel an chinois.
Enfin, plusieurs observateur accusent Wall Street, qui aurait décidé de manipuler le prix du BTC : certains gestionnaire de fonds auraient pu s’appuyer sur les contrats à terme du CBOE et du CME pour faire plonger le Bitcoin – et tirer profit de cette baisse.
De nombreuses réactions sur Twitter
Sur Twitter, certains utilisateurs étaient terrifiés :
Hold me, mommy, I’m scared… pic.twitter.com/AaECHcXcou
— The Wolf (@WolfOfPoloniex) 2 février 2018
Mais la plupart des internautes appelaient à tenir bon dans cette tempête, et à rester optimiste :
No worries ? pic.twitter.com/mieMGLoypc
— Crypto Dope (@crypt_dope) 2 février 2018
— Jeffrey (@DaytradeJeffrey) 2 février 2018
C’est un massacre les amis.. Reste plus qu’à hold.. ? pic.twitter.com/MJLPNGOnSi
— CryptoAPLP (@CryptoAPLP) 2 février 2018
The cryptocurrency market is still not at its 3‑month low. In November, the market was valued at less than $200 billion, which was bitcoin’s market cap not too long ago.
One slight positive development : South Korea premiums have disappeared. (better for long-term growth). pic.twitter.com/rgKVW3TcYr
— Joseph Young (@iamjosephyoung) 2 février 2018
Hate to see $BTC hit $8500 but what can you do… not selling DIP. Would rather let BTC hit lower price points and finish this already than spend another few weeks in this envhttps://t.co/ro2WiU7jCo
— Lakos (@VanLakosCrypto) 2 février 2018
Bitcoin : malgré la tempête, des chiffres très encourageants
Si les marchés ne poussaient pas à l’enthousiasme, on pouvait aujourd’hui trouver un certain réconfort en s’intéressant aux évolutions du réseau Bitcoin.
En dépit d’une forte baisse enregistrée mercredi, le taux de hachage dont bénéficiait le réseau Bitcoin (la puissance de calcul totale fournie par les mineurs) poursuivait son augmentation.
Et la taille de la « mempool », qui héberge les transactions qui attendent d’être intégrées dans un bloc par les mineurs, enregistrait une forte baisse :
Dans le même temps, les frais de transaction qui prévalaient sur le réseau étaient en nette diminution – ils évoluaient entre 3,50 et 4 dollars, contre plus de 35 dollars il y a quelques semaines :
Enfin, on pouvait déjà dénombrer, lors de la rédaction de cet article, près de 1700 nœuds Lightning Network. Si cette technologie pourrait potentiellement permettre de résoudre les problèmes de « scalabilité » du Bitcoin, en offrant des paiements rapides et peu coûteux, il s’agit toujours d’une innovation expérimentale, qui devra faire ses preuves au cour des prochains mois avant de se diffuser plus largement.
Au regard de ces éléments, on peut penser que, curieusement, le Bitcoin se situe dans une situation bien meilleure que celle qui était la sienne le 17 décembre, lorsqu’il s’échangeait à 20 000 dollars. Gageons que cette embellie pourra prochainement se refléter dans le cours de la monnaie numérique.
Références : Cryptovest, Blockchain.info, CoinMarketCap, Bitcoinfees.info
GmbH est le nom d’une forme juridique en Allemagne, et pas du tout le nom d’une plateforme d’échange.