Alors que de nombreux observateurs alertent sur la consommation électrique liée au minage du Bitcoin, une nouvelle étude du Crédit Suisse pourrait apaiser ces craintes. Les analystes du groupe bancaire ne pensent pas que cette activité soit susceptible, à moyen terme, d’avoir une influence notable sur la consommation énergétique et sur l’environnement.
Le minage du Bitcoin, pas une « apocalypse environnementale »
En 2017, la flambée du Bitcoin a attiré de nombreux mineurs, qui ont souhaité eux aussi mettre à la disposition du réseau la puissance de calcul de leurs machines.
La conséquence ? Une forte hausse du « pouvoir de hachage » – la puissance de calcul totale allouée à cette activité – et donc, du niveau d’énergie électrique utilisé par le réseau.
Ces derniers mois, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette consommation – une consommation qu’elles estiment susceptible de provoquer, d’ici quelques années, une crise énergétique mondiale.
Ce n’est pas de l’avis du groupe bancaire Crédit Suisse.
La semaine dernière, Morgan Stanley avait prédit que les mineurs de crypto-monnaies allaient consommer jusqu’à 140 térawatts-heure (TWh) d’électricité en 2018, soit environ 0,6% de la consommation mondiale.
En citant cette étude, le Crédit Suisse indique dans son rapport que le minage de Bitcoin ne va très certainement pas, à moyen terme, provoquer une « apocalypse environnementale ».
Voici ce que l’on peut lire dans cette étude publiée cette semaine et conduite par des analystes du groupe bancaire, au premier rang desquels Michael Weinstein :
« Nous sommes bien loin de l’apocalypse énergétique et environnementale que certains craignent. »
Ils estiment que, pour analyser l’évolution de la consommation électrique des mineurs, il serait malavisé d’effectuer des projections de manière linéaire.
La raison ? Ils pensent que les acteurs de ce secteur vont certainement mettre au point du matériel, mais également des pratiques, qui seront plus efficaces d’un point de vue énergétique – afin qu’ils puissent jouir d’un avantage concurrentiel face aux autres mineurs.
Le Crédit Suisse précise par ailleurs qu’un tel phénomène s’est déjà produit dans deux autres secteurs, alors que ceux-ci traversaient de fortes périodes de croissance : celui de la culture de cannabis, ainsi que celui des centres de traitement des données.
Une opportunité de recettes annuelles de 5 milliards de dollars
L’étude prédit qu’il est « peu plausible » que le minage de Bitcoin atteigne les 350 térawatts-heure (TWh) d’électricité par année – un seuil qui ferait de ce secteur un consommateur d’électricité « extrêmement important ».
Les analystes s’attendent à ce que le secteur du minage puisse offrir aux fournisseurs d’électricité une « opportunité de recettes annuelles » de 5 milliards de dollars – ce qui reste encore très loin des 6 000 milliards de dollars d’énergie qui sont consommés chaque année à travers le monde.
L’étude se conclut ainsi :
« Il s’agit d’une petite part de la consommation électrique mondiale, et d’une part encore plus restreinte des dépenses énergétiques mondiales ».
Les mineurs en quête d’électricité bon marché
Un autre point qu’oublient sans doute les observateurs qui indiquent que le Bitcoin devrait bientôt causer des dégâts environnementaux considérables : les mineurs sont naturellement attirés vers des lieux qui proposent des tarifs attractifs – et peuvent donc être amenés à se tourner vers des sources d’énergies renouvelables, qui sont souvent moins coûteuses.
On peut citer le cas de l’entreprise canadienne Hydro-Quebec, qui cherche à attirer les mineurs de Bitcoin avec son électricité bon marché – elle se tourne d’ailleurs tout particulièrement vers les entreprises chinoises, qui doivent faire face aux pressions du gouvernement.
Enfin, une étude publiée en mars 2017 indiquait que le Bitcoin ne consommait alors qu’une fraction de ce qu’utilisaient l’ensemble des centres de traitement des données basés aux États-Unis.
Pourtant, rares sont ceux qui alertent sur les dangers de ces centres. Le Bitcoin ferait-il les frais de l’image sulfureuse qui, dans l’esprit de certains observateurs, lui colle toujours à la peau ?
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Référence : CCN, Blockchain.info, Bloomberg