Alors que Goldman Sachs réfléchit à un possible ajout des crypto-monnaies sur sa plateforme de trading, les géants de la Banque, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, qui s’inquiétaient pourtant d’une « bulle Bitcoin », pourrait à terme décider de s’intéresser aux crypto-monnaies.
Des bulles, toujours des bulles, encore des bulles.
« Le Bitcoin se situe très clairement, à mon avis, dans une bulle spéculative » a expliqué Séverin Cabannes, Directeur général délégué de la Société Générale.
Le constat est similaire du côté du Directeur général de Credit Suisse, Tidjane Thiam, qui a expliqué que le Bitcoin correspondait « à la définition même d’une bulle spéculative ».
Il va « finir par s’effondrer », a ajouté en Septembre dernier Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, un fervent opposant aux monnaies virtuelles.
Les grandes établissements financiers semblent être devenus moins hostiles aux crypto-monnaies
Mais certains proposent des points de vue plus mesurés. C’est le cas de Lloyd Blankfein, le CEO de Goldman Sachs.
La société songe en effet à l’élaboration d’une nouvelle division, dédiée au trading de crypto-monnaies. « En vue de répondre à l’intérêt croissant de nos clients pour les monnaies numériques, nous cherchons actuellement la meilleure manière de les servir dans cet univers » a déclaré un porte-parole de Goldman Sachs.
Des banques de renoms telles que Barclays, BNY Mellon, ING, UBS – et même JPMorgan – ont déjà entamé des recherches sur la Blockchain – la technologie qui sous-tend l’ensemble des crypto-monnaies.
Car en dépit de leur forte volatilité, les crypto-monnaies n’ont pour l’instant, dans leur ensemble, montré aucun signe d’essoufflement, comme en témoigne ce graphique représentant l’évolution de leur valeur totale sur une année :
C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles des banques comme Goldman Sachs, et même des dirigeants jusqu’ici très sceptiques comme ceux du Crédit Suisse ou de la Société Générale, commencent à voir ce phénomène d’un autre œil.
« Nous ne sommes pas vraiment intéressés par l’idée d’un investissement dans le Bitcoin, mais nous sommes désireux de travailler sur la technologie Blockchain » a précisé Séverin Cabannes.
James Gorman, Directeur général de Morgan Stanley, a expliqué lors d’un entretien en Septembre dernier qu’il estimait que les crypto-monnaies étaient « extrêmement spéculatives », mais qu’il ne s’agissait pas de quelque chose « d’intrinsèquement mauvais ».
« Je pense que cet dimension spéculative est simplement liée à la technologie Blockchain elle-même ». a‑t-il ajouté.
Mohamed El-Erian vient s’ajouter à la liste des voix plus modérées. Il a expliqué lors du « Barclays Asia Forum » qu’il estimait que le Bitcoin cherchait toujours « à trouver une certaine stabilité – il s’agit donc plus d’une marchandise que d’une monnaie ».
Mais alors, qu’est ce qui a provoqué ce revirement de la part des dirigeants des grands groupes bancaires, qui stigmatisaient de manière quasi-unanime les crypto-monnaies il y a seulement quelques mois ?
À la fin du mois d’Octobre dernier, le CME Group, une société américaine d’investissement sur les marchés, gérant l’une des plus grandes plateformes d’échange d’options et de contrats à terme, a annoncé qu’elle attendait une autorisation pour « lancer un contrat à terme sur le Bitcoin d’ici à la fin de l’année ».
C’est suite à ces annonces que M. Cabannes, M. El-Erian et M. Blankfein ont exprimé une position plus nuancée vis-à-vis des monnaies digitales. La Société Générale et JPMorgan ont même commencé à déposer des offres d’emploi liées aux crypto-monnaies et à la Blockchain.
Jamie Dimon, moins opposé aux crypto-monnaies qu’il semblerait ?
Mais cette nouvelle appétence n’est pas forcément liée à une foi inébranlable pour la technologie Blockchain.
En effet, la baisse de la volatilité sur les marchés « traditionnels » a provoqué une baisse des revenus des banques sur l’activité de trading – une baisse qui a été d’ailleurs reconnue par Jamie Dimon. Le marché des crypto-monnaies offre une plus grande volatilité, et semble de plus en plus prisé par les investisseurs. Il s’agirait donc là d’un nouveau relais de croissance pour des banques, ce qui expliquerait en partie pourquoi les dirigeants sont en train de revoir leurs positions.
Et si Jamie Dimon se montre hostile face au Bitcoin, il ne recommande pas pour autant de le « shorter » (spéculer sur sa baisse). Il a ainsi expliqué qu’avec une telle volatilité, la monnaie digitale pourrait grimper à 20 000, voire à 100 000 dollars.
Le mois dernier, il a d’ailleurs mentionné le fait que sa fille avait pu gagner de l’argent avec le Bitcoin.« Maintenant elle pense être un génie » a‑t-il commenté.
L’homme a reconnu l’utilité du Bitcoin, qui pouvait s’avérer précieux dans certains pays comme « la Corée du Nord ou le Vénézuela » en tant qu’alternative à une monnaie locale incertaine.
Alors qu’Axel Weber, président du conseil de surveillance de la banque UBS, a expliqué que le Bitcoin n’avait « aucune valeur intrinsèque » car ne possédant aucun actif sous-jacent, M.Blankfein répond : « Nous avons aujourd’hui du papier, dont le cours n’est soutenu que par la monnaie fiat… Peut-être qu’à l’avenir, c’est le consensus qui constitue le meilleur soutien ».
« J’ai appris au fil des ans qu’il existait tout un tas de choses que je n’aime pas qui fonctionnent pourtant très bien » a‑t-il concédé.
Référence : ETHNews