Brendan Eich, le fondateur du Brave Browser, a expliqué pourquoi son navigateur a délaissé le Bitcoin (BTC) au profit du Basic Attention Token (BAT) pour offrir des incitations financières aux éditeurs de son réseau.
Lors de son lancement – et pendant ses trois premiers trimestres d’activité – le navigateur Brave s’appuyait sur le Bitcoin pour récompenser les éditeurs et les créateurs de contenu. Mais la société a ensuite décidé de se tourner vers un autre actif numérique : le Basic Attention Token.
La raison ? Brendan Eich s’est expliqué cette semaine, en indiquant qu’il lui fallait s’appuyer sur un « utility token » conçu spécifiquement pour rétribuer un grand nombre de partenaires :
« Nous nous sommes appuyés sur le Bitcoin, qui était extrêmement lent et coûteux à obtenir dans certaines proportions. Nous ne pouvions gratifier nos utilisateurs de grandes quantités, dans la mesure où aucun détenteur de Bitcoin n’était prêt à nous proposer un stock important de coins », s’est-il justifié dans un tweet publié lundi soir.
Le dirigeant, qui est également à l’origine du navigateur Firefox et du langage de programmation JavaScript, a évoqué la nécessite de répondre aux problématiques d’anonymat et de « scalabilité » auxquelles sont confrontés les dizaines de milliers d’internautes, d’éditeurs et de créateurs de contenu qui utilisent quotidiennement le navigateur Brave.
Il a notamment fustigé les délais de confirmation et les frais qui étaient en vigueur l’année dernière sur le réseau Bitcoin :
And bitcoin slowness and fees on small buys. We had 60+ hour conf times ane $4.50 fees in users who naively bought $5 in bitcoin each month, last year. But I am sure it was the fault of those users, ane not “friction”.
— BrendanEich (@BrendanEich) 4 septembre 2018
Rappelons que les frais liés aux transactions BTC ont depuis fortement chuté. Lors de la rédaction de cet article, il étaient compris entre 0,11 et 0,21 dollar.
Le BAT plutôt que le BTC
Lancé l’année dernière, le Basic Attention Token – l’un des nombreux tokens ERC-20 qui s’échangent sur les marchés – ambitionne « d’améliorer l’efficience de la publicité en ligne en créant un nouveau token qui puisse être échangé entre les éditeurs, les annonceurs et les utilisateurs. Tout ceci se produit sur la blockchain Ethereum ». Notamment disponible sur Binance et Bittrex, l’actif devrait être prochainement proposé sur Coinbase, l’une des principales crypto-bourses d’échange au monde.
Il peut fonctionner avec Brave, un navigateur qui permet, par défaut, de bloquer les publicités, les trackers, mais aussi les « empreintes ».
Depuis son arrivée en 2016, l’entreprise à l’origine de ce logiciel a noué de nombreux partenariats avec des influenceurs Twitch et Youtube en leur proposant des rémunérations attractives, à travers des paiements réalisées en crypto-monnaies. Le mois dernier, le navigateur avait franchi la barre symbolique des 10 millions de téléchargements sur le Play Store de Google, doublant ainsi sa base d’utilisateurs en l’espace de seulement 4 mois.
Si ce système profite aux internautes, on peut penser, de prime abord, qu’il pourrait pénaliser les éditeurs, qui se voient ainsi privés de leurs revenus publicitaires. Sauf que les utilisateurs du navigateur Brave ont la possibilité de soutenir de manière anonyme leurs créateurs favoris à travers le système « Brave Payments ». Ils peuvent ainsi définir une somme qui sera répartie chaque mois entre les sites, mais aussi les chaînes YouTube et Twitch sur lesquels ils se rendent le plus souvent.
Voici ce que l’on peut lire sur la « FAQ » du navigateur :
« Brave Payments, c’est un système qui vous permet d’offrir anonymement des dons aux producteurs de contenu que vous appréciez. Tout ce que vous devez faire, c’est créer un portefeuille BAT et définir un montant. Ensuite, lorsque vous visiterez des sites internet, Brave Payments distribuera automatiquement des micro-dons en fonction du temps que vous leur consacrez. Vous pouvez personnaliser votre liste de sites internet favoris, et même définir un certain montant pour des sites spécifiques. C’est un peu comme si vous deveniez un mécène ».
Des entreprises frileuses
Selon M. Eich, la plupart des entreprises ne seraient pas intéressées par le fait de manier des crypto-monnaies. C’est la raison pour laquelle son navigateur s’appuie sur la plateforme Uphold pour permettre à ses utilisateurs de convertir directement ces actifs en monnaies fiduciaires :
« La plupart des entreprises, et plus particulièrement les annonceurs et les éditeurs, ne souhaitent pas acheter, conserver ou vendre des crypto-monnaies. Cela reste une technologie de pointe, que l’on peut facilement perdre en égarant ses clés privées, et dont les transactions ne peuvent notamment pas être annulées.
Nous ne forçons aucun éditeur à accepter la moindre crypto-monnaie. Nous avons noué un partenariat avec l’entreprise Uphold pour effectuer des échanges entre de nombreuses monnaies fiduciaires et crypto-monnaies ».
Références : Cryptoglobe, CCN, BitcoinFees