Il s’agissait d’une nouvelle étape marquante pour le Bitcoin : ce week-end, 80% des 21 millions de BTCs qui seront jamais créés avaient été mis en circulation – et il ne restait ainsi que 4,2 millions de Bitcoins supplémentaires sur lesquels les mineurs allaient tenter de mettre la main.
Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin, fut le premier à implémenter avec succès une « rareté numérique » – alors que son actif est devenu, au fil des années, de plus en plus difficile à obtenir.
Plus que 4,2 millions de Bitcoins à obtenir
Samedi, le nombre de Bitcoins émis dépassait le seuil des 16,8 millions. Autrement dit, il ne restait plus que 20% de l’offre totale, 21 millions, sur laquelle les mineurs pouvaient espérer mettre la main.
On sait que le dernier Bitcoin qui sera créé sur le réseau devrait l’être aux environs de l’année 2140, alors que les récompenses – et donc le rythme d’émission de nouveaux Bitcoins – diminuera progressivement jusqu’à cette date.
Lorsque Satoshi Nakamoto a publié le White Paper du Bitcoin, il y avait dévoilé un protocole novateur – en introduisant l’idée selon laquelle des mineurs pourraient sécuriser le réseau, en mettant à disposition la puissance de leurs machines pour résoudre des calculs extrêmement complexes.
On peut toujours penser, en théorie, que cette limite pourrait être modifiée du fait de certaines manipulations. On peut penser à une Attaque des 51% ou à une attaque Sybil – des attaques qui permettraient de créer « artificiellement » de nouveaux BTCs. Mais si le réseau continue à n’être victime d’aucune « triche », une chose est sûre : cette offre ne sera pas augmentée, et l’on ne pourra jamais trouver plus de 21 millions de Bitcoin sur la blockchain.
Le problème des généraux byzantins
Avec le Bitcoin, Satsoshi Nakamoto est sans doute parvenu à résoudre l’un des problèmes les plus complexes que l’on peut rencontrer au sein d’un réseau décentralisé.
Il s’agit du problème des généraux byzantins, une faille de sécurité qui porte sur la fiabilité des données transmises et sur l’intégrité des interlocuteurs.
On se demande ici, dans le cadre d’une organisation décentralisée, si l’on peut prendre en compte une information qui peut a priori paraître suspecte, soit du fait de sa source, soit du fait du canal de transmission utilisé. Et la réponse va prendre la forme d’un algorithme (autrement dit, d’une stratégie), qui sera nécessaire pour venir à bout de cette équation.
En sécurisant le réseau à travers un protocole de validation Proof-of-Work, Satoshi Nakamoto est parvenu à faire en sorte que les participants au réseau puissent être incités à être honnêtes.
Car des attaques menées contre la blockchain du Bitcoin seraient désormais extrêmement coûteuses – de telle sorte que les pirates potentiels sont vites découragés.
En février 2016, le site BlogChainCafé tentait d’estimer les coûts associés à une attaque 51%– ceux-ci étaient déjà évalués à 4,8 milliards de dollars, alors que le taux de hachage qui prévalait sur le réseau Bitcoin était près de 20 fois moins élevé que celui que l’on retrouve aujourd’hui.
C’est d’ailleurs sans doute la raison pour laquelle les pirates décident, plutôt que de s’attaquer à la blockchain du Bitcoin, d’alimenter leur portefeuille BTC à travers des demandes de rançon.
Une offre limitée, et un « halving » d’ici à deux ans
Pour la première fois dans l’histoire de l’informatique, Satoshi Nakamoto est parvenu à concevoir un type d’actif numérique qui ne puisse être copié, et qui ne puisse pas être dépensé deux fois.
Et c’est sans doute cette offre limitée – en plus d’une utilisation bien plus intensive du réseau – qui participe à la flambée du Bitcoin, qui valait encore moins d’un dollar au début de l’année 2011. C’est d’ailleurs sur celle-ci que s’appuient de nombreux observateurs pour prédire une hausse du prix du Bitcoin dans les années avenir.
Ils estiment que nous avons d’un côté une offre limitée, et de l’autre côté une demande qui augmente progressivement. Le prix devrait ainsi, selon eux, s’ajuster « mécaniquement » à la hausse pour équilibrer ces deux forces.
C’est en tout cas ce dont semble être persuadé Ronnie Moas, un analyste financier de renom à l’origine de la société de conseil Standpoint Research. Voici ce qu’il avait déclaré le mois dernier :
“Je ne connais pas grand chose au sujet des quantités d’or qui se cachent dans les sols. Par contre, je connais précisément le nombre de Bitcoins qui existent. Dans deux ans, 300 millions de personnes tenteront de mettre la main sur quelques millions de Bitcoins. Cette distorsion extraordinaire entre l’offre et la demande, c’est ce qui va permettre au prix d’augmenter.”
On peut penser d’ailleurs qu’une grande partie des Bitcoiners, qui comptent conserver leurs BTC pendant plusieurs années, le font car ils estiment qu’il sera bien plus difficile, à l’avenir, de se procurer un Bitcoin « entier » – et de faire ainsi partie du « 21 million club ».
Les mineurs, de leur côté, vont devoir faire face aux prochains « halvings » des récompenses liées au minage. S’ils reçoivent actuellement 12,5 BTC pour chaque bloc miné, cette récompense ne sera plus que de 6,25 BTC d’ici à un peu plus deux ans. Et elle continuera à être divisée par deux environ tous les 4 ans.
100 milliards de Ripples, 21 millions de Bitcoins
Un autre élément à prendre en considération ? L’offre totale de Bitcoin est particulièrement limitée si on la compare à celle qui prévaut sur d’autres réseaux. 45 milliards chez Cardano, 100 milliards du côté de Ripple et de TRON,… alors que le Bitcoin est limité à 21 millions.
Par ailleurs, si 16,8 millions de Bitcoins ont été émis depuis la création du réseau, rien n’indique qu’ils sont encore tous accessibles par un propriétaire. Disques durs jetés à la poubelle, oubli d’une « seed phrase »,… de nombreux utilisateurs du réseau ont fait part de leurs mésaventures à la presse ou sur les réseaux sociaux.
On peut ainsi vraisemblablement imaginer que l’accès à un nombre important de ces Bitcoins a déjà été « perdu » – ce qui les rend intransférables, et vient donc réduire l’offre qui peut être proposée sur les marchés.
C’est ce que nous apprend une étude récemment menée par Chainalysis, une société new-yorkaise spécialisée dans la conduite d’analyses liées à la technologie blockchain. Elle estime qu’entre 2,77 et 3,79 millions de Bitcoins auraient été ainsi « perdus » à jamais par leurs propriétaires.
Références : News.bitcoin.com, BitcoinBlockHalf, Blockchain.info, Steemit
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement. Nous vous suggérons de mener vos propres recherches avant de décider de vous procurer des crypto-monnaies – des actifs extrêmement risqués. Ne dépensez pas plus que ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Nous ne saurons être tenus responsables de toute perte en capital, en lien avec la lecture de cet article.