Ceci est la traduction libre d’un article publié ce jeudi sur le site Fortune, rédigé par le journaliste Jeff John Roberts.
Le crypto-milliardaire Changpeng Zhao a construit sa fortune grâce à Binance, qu’il a fondée l’année dernière, et qui est rapidement devenue la première plateforme d’échange de crypto-monnaies.
Celui que l’on surnomme « CZ » ambitionne d’ériger un empire blockchain susceptible de bouleverser le système financier mondial. Dans un entretien accordé à Fortune, il a partagé certaines idées au sujet de Binance et des crypto-monnaies.
Selon CZ, la plupart des prédictions liées à l’univers blockchain s’avéreront fausses – ce qui ne l’a toutefois pas empêché de répondre à certaines questions portant sur l’avenir de cet écosystème.
Voici trois idées que j’ai pu obtenir de CZ au cours de cet entretien.
L’avenir sera décentralisé… mais il faudrait faire preuve de patience
Binance a annoncé cette semaine sa première acquisition. La société a mis la main sur TrustWallet, un portefeuille numérique qui peut également faire office de navigateur permettant d’utiliser des applications décentralisées (dApps). Le pari de CZ ? Un nombre croissant d’individus utiliseront prochainement des services décentralisées – et profiteront ainsi d’un plus grand degré de confidentialité, dans la mesure où ceux-ci ne s’appuient pas sur des serveurs contrôlés par une seule entité.
Mais même si l’on a pu assister à une explosion de ces dApps au cours deux dernières années – l’exemple le plus connu étant celui des chatons à collectionner CryptoKitties –, celles-ci restent encore très peu utilisées.
« Nous n’en sommes encore qu’aux prémices des dApps. La plupart ne sont encore que des démonstrations de concept, ou de simples jeux », a‑t-il indiqué, ajoutant toutefois que la situation devrait prochainement évoluer.
CZ estime ainsi que de nombreux individus utiliseront en 2020 des logiciels de messagerie, des jeux, des réseaux sociaux ou encore des systèmes de notation adossés à la technologie blockchain. Il s’attend à ce que la prochaine étape de cette évolution concerne l’e-commerce.
Dans le même temps, Binance met les bouchées doubles pour lancer un système financier décentralisé. La société a notamment décidé de travailler conjointement avec l’état insulaire de Malte afin de lancer une banque mondiale décentralisée, qui serait majoritairement détenue par des crypto-investisseurs. CZ a également rappelé que Binance développait sa propre blockchain, sur laquelle devrait notamment s’appuyer une plateforme d’échange de crypto-monnaies décentralisée.
Les principales blockchains menacées ?
Si Ethereum donne actuellement le « la » des applications décentralisées, certains compétiteurs – notamment Tezos, EOS ou Dfinity – estiment qu’ils ont toutes les armes en main pour détrôner cette plateforme, à travers notamment des protocoles plus rapides et plus efficients.
Qui va remporter ce combat ? À ma grande surprise, CZ estime qu’aucun de ces concurrents ne peuvent prétendre à un succès, dans la mesure où ils sont tous trop lents. Si Ethereum fait déjà depuis un certain temps l’objet de critiques à ce sujet, CZ estime que l’ensemble des blockchains conçues pour accueillir des « smart contracts » généralistes ne sont pas suffisamment rapides. Il pense plutôt que les blockchains existantes laisseront place à des plateformes plus spécialisées.
Le dirigeant a cité des outils récents, comme Komodo ou Tendermint, qui permettent de créer des blockchains à des fins spécifiques, suggérant que l’on devrait voir émerger de nombreux registres sur-mesure. Ceci suppose donc – et il s’agit seulement de mon interprétation – que les blockchains évolueront de la même manière que les puces informatiques, un secteur dominé par des ASICs spécialisés.
Pas de guerre commerciale entre Binance et Coinbase
CZ a précisé qu’il entretenait « d’excellentes relations avec Coinbase » – une plateforme qui permet, selon lui, d’inciter les législateurs américains à s’intéresser au fonctionnement des crypto-monnaies.
Et de préciser que Binance – qui revendique un profit compris entre 500 millions et 1 milliard de dollars en 2017 – ne compte pas chercher à défier la plateforme californienne, en particulier aux États-Unis.
« Sur les marchés développées, il y a plus d’argent à gagner, mais la régulation y est plus contraignante, et le marché est saturé », a‑t-il déclaré. « Nous ne souhaitons pas rivaliser avec Coinbase ou Gemini. Cette stratégie nécessiterait de nombreux avocats, ainsi que de nombreuses actions de lobbying ».
Il a ajouté qu’il préférait opérer dans des régions comme Malte, au sein desquelles il est en mesure de travailler directement avec des dirigeants désireux de l’aider à faire émerger un système financier décentralisé.
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement. Nous vous suggérons de mener vos propres recherches avant de décider de vous procurer des crypto-monnaies – des actifs extrêmement risqués. Ne dépensez pas plus que ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Nous ne saurons être tenus responsables de toute perte en capital, en lien avec la lecture de cet article.