La Corée du Sud a annoncé mercredi qu’elle pourrait taxer les gains en capital liés au trading de crypto-monnaie, alors que certains régulateurs s’inquiètent de la présence de ce qu’ils considèrent être une bulle spéculative. Le président de la banque centrale australienne a ainsi mis en garde contre une « euphorie spéculative », suite à la récente hausse du cours des monnaies numériques.
Alors que les contrats à terme sur le bitcoin ont été lancés dimanche dernier au sein du Chicago Board Options Exchange, et que les crypto-monnaies tendent à se démocratiser auprès des populations, de nombreux responsables politiques s’intéressent de près à celles-ci, et réfléchissent au cadre réglementaire qu’ils doivent imposer à cet écosystème.
Le Bitcoin, la première crypto-monnaie en termes d’ancienneté, de notoriété et de capitalisation, a franchi la barre des 17 000 dollars cette semaine, atteignant ainsi un nouveau record historique. En hausse de plus de 1 500 % depuis le début de l’année, son cours alimente depuis plusieurs semaines des craintes liées à la formation d’une bulle spéculative, qui, pour certains, menacerait d’éclater à tout moment.
Le gouverneur de la banque centrale australienne, Philip Lowe, a ainsi affirmé ce mercredi que la fascination pour ces actifs numériques lui paraissait s’inscrire dans une « euphorie spéculative ».
Ce commentaire intervient quelques jours après que son homologue néo-zélandais ait considéré le bitcoin comme un « cas classique » de bulle spéculative, jetant ainsi le doute sur son avenir.
Lundi, le président de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis avait annoncé que le trading de ces actifs, mais également les offres d’investissement en crypto-monnaie (ICO) pourraient être constitutif d’une violation de la loi fédérale sur les valeurs mobilières.
Du côté de l’Asie, es monnaies numériques semblent susciter un fort engouement chez les populations. De nombreux épargnants auraient d’ailleurs quitté leur emploi afin de se consacrer à plein temps au trading de crypto-monnaies. La tendance serait particulièrement prononcée dans des pays tels que le Japon et la Corée du Sud, qui représenteraient à eux seuls plus de la moitié du volume de transactions mondiales.
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Les responsables politiques de grands pays d’Asie prêts à serrer la vis
Dans le même temps, il semblerait que de nombreux responsables politiques de la région cherchent à instaurer un cadre réglementaire plus strict, destiné à mieux protéger les épargnants, qui pourraient pâtir d’une baisse du cours des monnaies numériques.
À la suite d’une réunion décidée en urgence, qui s’est tenue ce mercredi à Séoul, des membres du gouvernement sud-coréen auraient déclaré, selon Reuters, qu’il envisageaient de taxer les gains en capital liés au trading de monnaies virtuelles, et qu’il allait également interdire également aux mineurs de crypto-monnaies d’ouvrir des comptes sur les plateformes d’échange.
Afin de pouvoir recevoir une accréditation, les plateformes d’échange sud-coréennes pourraient être contraintes de mettre en place des règles destinées à protéger les investisseurs. Elles pourraient également être obligées de fournir de nombreuses informations relatives aux échanges qu’elles prennent en charge. Afin de pouvoir être mises en application, de telles mesures devront toutefois être d’abord approuvées par le Parlement.
« La réglementation en Corée n’aura pas d’impacts négatifs, » a déclaré Thomas Glucksmann, responsable marketing de la plateforme d’échange Gatecoin, basée à Hong Kong. Il estime, au contraire, que « l’attribution d’accréditations va apporter une certaine clarté, ce qui va encourager les entités déjà réglementées à s’impliquer dans ce processus – tout comme les épargnants, même si certains sont sceptiques vis-à-vis des ces obligations. »
Au cours d’un entretien accordé ce mardi à Reuters, Bithumb, une plateforme d’échange de crypto-monnaies basée à Séoul qui enregistre les volumes d’échange les plus importants au monde, a indiqué qu’elle se conformerait aux règles que le gouvernement sud-coréen déciderait d’imposer, et qu’elle pourrait accroître ses financements afin de mieux protéger ses clients.
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Du côté des autres pays du continent, on peut évoquer la situation de la Chine, qui a ordonné en septembre dernier aux plateformes d’échange de mettre un terme au trading de crypto-monnaie et d’en informer immédiatement les utilisateurs concernés. D’après le gouvernement, il s’agirait de limiter les risques liés à ces marchés extrêmement spéculatifs.
Pourtant, certains économistes, mais également de nombreux tenants des crypto-monnaies, considèrent que cette initiative était surtout destinée à mettre fin à l’utilisation de ces plateformes en vue d’échapper au contrôle des mouvements capitaux instauré par Pékin.
Enfin, il convient de préciser que le Japon impose aux utilisateurs de crypto-monnaie de s’enregistrer auprès du gouvernement. En avril dernier, le gouvernement japonais avait légalisé l’utilisation des crypto-monnaies en tant que moyen de paiement. En septembre dernier, le Pays du Soleil levant avait officiellement reconnu onze plateforme d’échange de monnaie numérique.
Références : BusinessTimes, news.bitcoin.com