Ceci est la traduction libre d’un article publié cette semaine sur CoinTelegraph. N’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour le lire.
Avec des frais significativement inférieurs et des transactions bien plus rapides, le réseau Solana pourrait-il devenir le pire cauchemar d’Ethereum en lui prenant un jour la place de plateforme de référence du Web 3.0 ?
Ces dernières semaines, la blockchain Solana a fait les gros titres, alors que son token natif – le SOL – a enregistré des hausses significatives.
Lors de la rédaction de cet article, l’actif s’échangeait à 175 dollars – un cours multiplié par 114 depuis le début de l’année.
Revendiquant une valorisation de 51,5 milliards de dollars, la jeune pousse pointe actuellement à la 6ᵉ position du classement de CoinMarketCap, après avoir récemment dépassé le Dogecoin puis le XRP. Solana reste toutefois encore loin d’Ethereum, dont la « Market Cap » s’élève à 390 milliards de dollars.
Mais comment expliquer cette flambée du SOL ?
Parmi les raisons de cette hausse, on peut citer la levée de fonds réalisée récemment par Solana. En juin, un groupe d’investisseurs mené par Andreessen Horowitz et Polychain lui avait permis de récolter 314 millions de dollars. Objectif : améliorer sa technologie dans le secteur de la finance décentralisée (DeFi). Plutôt que de recevoir des parts de Solana Labs – l’entreprise à l’origine du réseau – les investisseurs avaient obtenu des coins SOL. Sans doute la preuve de leur conviction dans le potentiel d’appréciation de la cryptomonnaie.
Autre raison de l’enthousiasme des marchés : l’annonce de son 4ᵉ « hackaton », prévu pour le 8 octobre prochain. Ces « marathons » de programmation consistent à inviter des développeurs pour qu’ils travaillent de manière collaborative sur des projets informatiques, en leur permettant de recevoir des prix et des opportunités de financement. Les investisseurs ont vu cette annonce comme une nouvelle positive, qui pourrait aider à favoriser l’adoption de la technologie Solana.
Alors que Solana a fait les gros titres de la presse spécialisée, de nombreux observateurs le comparent avec un autre réseau blockchain « programmable » : Ethereum. Certains pensent que Solana – ou d’autres réseaux concurrents, comme Avalanche, Polygon ou Binance Smart Chain – pourraient un jour détrôner le dauphin du Bitcoin.
Qu’est-ce que Solana ?
Solana est un réseau blockchain capable d’exécuter des « smart contracts ». Fondé en 2017 par Anatoly Yakovenko, un ancien ingénieur de chez Qualcomm, il se présente comme une solution aux problèmes de « scalabilité » rencontrés par Ethereum. Deux ans après sa création, Solana était parvenu à récolter 20 millions de dollars lors d’un tour de table « Série A » mené par Multicoin Capital.
Alors que le Bitcoin est la cryptomonnaie de référence pour effectuer des paiements, Ethereum est, de son côté, la plateforme de choix pour exécuter des applications sur une blockchain. Avec ses capacités de « smart contracts », Solana joue dans la même cour qu’Ethereum, mais en proposant une technologie différente.
Comme le montrent les chiffres de Defi Llama, Ethereum reste la plateforme de choix des applications décentralisées (DApps) et des « smart contracts ». Lors de la rédaction de cet article, le réseau revendiquait une « Total Value Locked » (valeur totale placée) de 103,22 milliards de dollars, soit près de 70% du montant détenu par l’ensemble des réseaux blockchain.
De son côté, la valeur placée sur le réseau Solana n’était que de 10,72 milliards de dollars.
La plateforme affichait toutefois une croissance considérable, puisque ce chiffre avait été multiplié par 7 en l’espace d’un mois.
Si Ethereum se taille la part du lion de l’écosystème DeFi, il est impossible de nier les problèmes inhérants à sa technologie. Les utilisateurs doivent ainsi parfois débourser plusieurs dizaines de dollars pour effectuer une simple transaction.
Certes, le réseau a entamé sa transition vers un protocole de validation par preuve d’enjeu (avec des « stakers » pour sécuriser le réseau, en lieu et place des mineurs). Celui-ci devrait permettre de réduire considérablement le montant de ses frais, en lui offrant la possibilité de traiter les transactions de manière bien plus efficicente. Le basculement ne devrait toutefois pas être terminé avant 2022. Notons également le développement de diverses solutions de « seconde couche », qui ambitionnent, elles aussi, d’aider la blockchain Ethereum à faire face à ses problèmes de « scalabilité ».
Des problèmes que ne connaît pas Solana. Le réseau dispose d’ores et déjà d’un mécanisme de validation par preuve d’enjeu, auquel vient se greffer un protocole « preuve d’histoire » (« proof-of-history » ou PoH). Celui-ci est censé lui permettre de traiter les transactions au fur et à mesure de leur arrivée, sans avoir à patienter pour remplir un bloc. Solana est ainsi bien plus « scalable » qu’Ethereum, en étant capable de traiter un plus grand nombre de transactions sur une même durée.
Solana s’appuie par ailleurs sur un protocole de « propagation de bloc » baptisé Turbine. Celui-ci fragmente des données importantes afin qu’elles soient envoyés aux nœuds du réseau à une vitesse plus rapide. Enfin, Solana intègre Tower BFT, une version avancée du système de réponse au problème des généraux byzantins (« byzantine fault”). Elle permet, dans un réseau distribué, d’atteindre le consensus même lorsque certains nœuds ne répondent pas ou le font avec des informations incorrectes.
Solana, un « Ethereum killer » ?
Même si le réseau Ethereum dispose d’une avance considérable – avec 7 000 nœuds et 90 000 validateurs, contre seulement 600 nœuds et 1000 validateurs pour Solana – Solana est souvent présenté comme un « Ethereum killer ». C’est sans doute lié au fait que ses innovations semblent apporter une réponse aux faiblesses actuelles du réseau de Vitalik Buterin.
Grâce au consensus PoH, la vérification des transactions est bien plus rapide, puisque les nœuds, qui n’ont plus à vérifier les nombreux horodotages, peuvent économiser une puissance de calcul considréable. Les développeurs de Solana indiquent ainsi que leur blockchain peut traiter jusqu’à 50 000 transactions par seconde, ce qui est loin, très loin devant ce que peuvent offrir les réseaux concurrents que son Ethereum, le Bitcoin, Visa ou encore XRP.
Par ailleurs, les frais de transaction sont signficativement plus faibles sur la blockchain Solana. Comme mentionné ci-dessus, l’un des principaux problèmes des utilisateurs d’Ethereum concerne les « gas fees », qui peuvent atteindre des montants incroyablement élevés. Au cours des dernières semaines, ces frais ont dépassé à plusieurs reprises la barre des 50 dollars. L’année dernière, un internaute avait accidentellement déboursé 9 500 dollars pour effectuer un simple échange de 120 dollars sur la plateforme décentralisée Uniswap.
Sur Solana, ces frais s’élèvent en moyenne à seulement 0,00025 dollar par transaction – rien à voir avec Ethereum.
La folie des NFTs
Ces dernières semaines, les tokens non fongibles (NFTs) ont suscité l’engouement d’artistes, d’investisseurs, de collectionneurs, de traders et de célébrités, dont certains étaient jusqu’ici éloignés de l’écosystème blockchain. Si une large majorité des NFTs sont toujours échangés sur le réseau Ethereum, Solana compte bien se faire une place dans ce marché naissant.
Un nouveau projet NFT, baptisé Degenerate Ape, a permis d’effectuer d’un test grandeur nature de sa « scalabilité », alors que 10 000 singes ont été vendus en seulement 8 minutes. En augmentant la demande pour le token SOL, le cours de ce dernier était passé de 44,11 dollars à 53,70 dollars entre le 14 et le 15 août.
Sur Solanart, une place de marché de NFT adossée à Solana, les Degenerate Ape représentent la première collection en termes de ventes. Ces singes numériques ont déjà enregistré 765 000 SOLs de transactions, soit environ 122 millions de dollars.
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On pourrait donc penser que de nombreux « NFT enthusiasts », utilisateurs du réseau Ethereum, pourraient être tentés de se tourner vers Solana. C’est en tout cas ce que semble croire Nathan Ross, ancien directeur marketing de l’application de rencontre Hinge, qui a résumé en une seule phrase les atouts du jeune réseau blockchain dans cette sphère :
For the NFT use case, it’s faster, cheaper, easier.
— Nathan Roth (@NathanCRoth) August 31, 2021
Il convient également de citer l’intégration récente de Solana, aux côtés d’Ethereum, sur la place de marché de NFTs de la plateforme d’échange FTX depuis le 6 septembre dernier.
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Ethereum doit-il s’inquiéter ?
La question est désormais de savoir si Solana pourrait un jour dépasser Ethereum.
Car Ethereum ne compte sans doute pas se laisser faire. Divisée en plusieurs étapes, sa mise à jour Ethereum 2.0 devrait être finalisée en 2022. Selon les développeurs, elle devrait permettre au réseau de dire adieu à ses problèmes de « scalabilité », en passant d’une capacité de 10 à 100 000 transactions par seconde.
Mais Solana, qui est censé pouvoir traiter jusqu’à 50 000 transactions par seconde, ne devrait pas s’arrêter là. Son architecture a été pensée pour lui permettre de suivre l’amélioration des performances des équipements informatiques. Son réseau doit ainsi, en théorie, être capable de suivre approximativement la courbe de la loi de Moore – modèle selon lequel la croissance du nombre de transistors présents sur une puce de microprocesseur est censée doubler tous les 2 ans.
Même s’il ne dispose pas du « first-mover advantage » d’Ethereum, de son réseau, des montants placés dans ses contrats et du nombre de projets adossés à sa blockchain, Solana devrait – avec d’autres concurrents comme Binance Smart Chain, Polygon ou Avalanche – continuer à s’attaquer à la suprémacie du réseau de Vitalik Buterin.
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